Le fiasco !
La privatisation du stationnement à Laval au profit de la société Urbis Park tourne au fiasco.
"C'est devenu le feuilleton préféré des lavallois", observe le Courrier de la Mayenne dans son édition du 14 février 2013. De fait, à table, chez soi, au restaurant, au comptoir, on ne parle plus que de cela. Pareil dans les bureaux…
Et Ouest France du 19 février, relatant la réunion du Conseil municipal tenue la veille, titre :
"Le stationnement payant monopolise le débat au conseil municipal".
Pourtant, le 24 janvier 2013, dans le Courrier de la Mayenne, M. Boyer (Jean-Christophe) fanfaronnait : "Dans un mois, les couacs seront oubliés".
Alors, interpellé par les élus de l'opposition, et devant des élus de la Majorité bien silencieux, et dont certains se tassent sur leur siège, il doit piteusement avouer, lors du Conseil municipal du 18 février : "Je reconnais des difficultés, des aberrations…". Et il annonce la date du 15 avril pour revoir la copie. Le début de la sagesse ? pas si sûr !
Notons d'abord que le bulletin municipal, diffusé le même jour sous une nouvelle maquette qui le fait ressembler au mensuel d'une CAF, publie 2 pages crânement intitulées : "Stationnement : les réponses à vos questions". S'en suit un argumentaire laborieux fait de "Vrai" et de "Faux" péremptoires. Notons, au passage, que tout ce qui se murmure en ville n'est pas démenti à cette occasion, alors que cela l'aurait certainement mérité…
Mais la communication officielle ne parvient pas à contrer les enquêtes très pointues de la presse locale : Ouest France a ouvert un forum qui compte déjà 12 pages de commentaires, le Courrier de la Mayenne, France Bleu Mayenne, le site d'information "la Mayenne, on adore !"…
En fait, les lavallois, et ceux qui viennent travailler dans le centre ville, ont réagi avec civisme et intelligence, donnant là une bonne leçon de "démocratie participative" à M. Boyer (Jean-Christophe) et de service public à M. Boyer (Philippe).
Il y avait déjà eu des manifestations de riverains en juin 2012, et le maire de l'époque, Guillaume Garot, avait été interpellé aux Pommeraies le 8 juin.
Il y a désormais la création de collectifs ("Collectif Revoir le stationnement", le collectif du quartier Lieutenant - Crossardière…)
Puis des centaines de signatures recueillies par pétitions : 1750 déjà pour le "Collectif Revoir le stationnement" qui poursuit sa collecte, 180 pour le quartier du Lieutenant… Des dizaines de lettres de protestations et de coups de fil parviennent chaque semaine en mairie.
Les "vrais professionnels"
Depuis le 1er janvier, les "vrais professionnels", comme disait Guillaume Garot, ont remplacé les fonctionnaires de la Ville : barrières bloquées, panneaux qui affichent "complet" alors que les parkings sont quasi vides, tarifs dissuasifs, ½ heure gratuite supprimée sur les horodateurs, ce qui pénalise les commerces plus excentrés, la dépose de blocs de béton sur les trottoirs, la plantation d'une forêt de bites et de plots…
Au parking de la gare, un usager est resté 24 heures et 4 minutes et a dû s'acquitter de 18 euros, contre 9 euros pour 24 heures : les 4 minutes supplémentaires lui coûtent donc 9 euros. De même, sur les parkings barriérés, la 61ème minute coûte 1,50 euro et fait vite oublier le bénéfice de l'heure gratuite. Après l'heure, c'est plus l'heure ! après l'heure gratuite, c'est la minute à 1,50 euros…
Aller au cinéma coûte plus cher...
Depuis quelques jours, certains commerçants font part de leurs inquiétudes après s'être réjoui un peu vite des places devenues libres dans les rues : incontestablement, les habitudes de certains consommateurs, notamment à la sortie du travail, sont en train de changer au profit de la périphérie, notamment en ce qui concerne les salariés habitants hors Laval.
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Allons, tout n'est pas sombre : sur les parkings éloignés restés libres (Hercé, Corbineau, Viaduc…), le matin, les salariés se parlent avec une certaine complicité. Les difficultés créent du lien social ! Mais les oreilles de M. Boyer doivent siffler…
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En effet, l'humour de la rue devient ravageur pour M. Boyer et ses proches : une boulangère paye son abonnement en pièces de 5 centimes, un riverain de la rue du lieutenant pose devant un horodateur "habillé pour l'hiver d'une veste ", un autocollant apparaît partout sur les horodateurs figurant "Little Boyer is watching you !", faisant allusion aux caméras de vidéosurveillance installées par URBIS sans autorisation...
Et puis se multiplient des vrais propositions, celles des lavallois et des gens de la rue, toutes ces suggestions que M. Boyer aurait été bien inspiré de réunir et d'entendre avant de privatiser et de réorganiser le stationnement. Ainsi la lettre ouverte très constructive du "Collectif Revoir le stationnement".
Les usagers ont décidé de voter avec leurs pieds : les parkings barrièrés sont déserts le matin, souvent vides à certaines périodes de la journée. Et M. Boyer (Jean-Christophe) a dû avouer au Conseil municipal : "50 % du stationnement dans les parcs équipés de barrières se fait à titre gratuit, la première heure étant gratuite".
"C'est un service rendu qui n'existait pas", fanfaronne-t-il. Pas sûr, toutefois, que M. Boyer (Philippe), directeur du développement d'Urbis Park, se réjouisse durablement de cette situation.
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Une révision pour les lavallois ou pour URBIS ?
Il est clair qu'une révision du contrat de "délégation de service public" (prononcez "pri-va-ti-sa-tion") va intervenir sous quelques semaines : la concertation imposée après coup par la rue, les "propositions" dont parle M. Boyer, qui sont surtout des réclamations et des cris de colère, vont servir de prétexte pour une révision importante du contrat, en donnant l'impression de simplement "réajuster" pour "tenir compte" de 3 mois "d'expérience" et de "l'avis des usagers"…
En fait, c'est l'équilibre économique du contrat signé le 3 octobre 2012 qui n'est manifestement plus assuré, et la Ville va devoir compenser les pertes en cours. Certes, les financiers d'URBIS auront du mal à émouvoir les contribuables lavallois.
Mais c'est bien ce souci qui explique la mise en place inévitable d'un avenant au contrat entre la Ville et URBIS.
Ce sera un véritable désavoeu pour M. Boyer (Jean-Christophe).
Son adjoint aux finances (qui gère ce dossier) commence à préparer le terrain :
"S'il est nécessaire de revenir sur le contrat, on le fera à la faveur de nos concitoyens" (Ouest- France du 19 février 2013).
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M. Boyer (Jean-Christophe) fait état de riverains qui "réclameraient du stationnement payant devant chez eux pour avoir de la place". Pas sûr qu'il y en ait beaucoup, et ceux qui en auraient les moyens doivent bien avoir un garage quelque part…
Mais cela permet de préparer l'opinion à une nouvelle extension des zones payantes, prévue depuis toujours mais qui était programmée pour après les élections municipales. Les soucis d'URBIS pourraient donc accélérer les choses, au grand dam de plusieurs élus de la Majorité, consternés par la tournure que prend désormais un dossier qui leur avait été présenté sous son meilleur jour.
Le déséquilibre du contrat
Le parking Saint-Louis n'a pas pu être barriéré en raison de l'action déterminée de riverains et de commerçants (Vrai / 61 places en moins pour URBIS !).
Le parking de la gare nord n'est toujours pas rentré dans le giron d'URBIS (Vrai / 210 places en moins) !
Ce sont donc déjà 270 places sur 731 qui ne rapportent rien à URBIS, soit 37 % en moins que ce qui est prévu à l'article 1 de l'annexe 1 du contrat signé entre la Ville et URBIS le 3 octobre 2012.
Et ce n'est pas tout : ainsi, le parking du Britais connaît des problèmes d'accès et est toujours gratuit à ce jour !
Et le parking du Conseil général fait de la résistance...
Enfin, les parkings à barrières souvent vides et le fait que la moitié des véhicules qui les fréquentent restent moins d'une heure (et donc ne paient pas) ne font rien pour améliorer la situation. Le marché du centre ville reste en place jusqu'à 17 heures au lieu de 14 heures comme le précise l'article 18 de l'annexe 1 du contrat, d'où de nouvelles pertes de recettes pour URBIS. A ce sujet, le nouvel avenant au contrat aura aussi intérêt à ne pas comporter trop de "fautes de frappe"…
Et M. Boyer a été obligé de promettre aux anciens combattants le libre accès aux parkings les jours de cérémonies pour tous les participants…
Alors ?
Retour du stationnement dans le service public !
Stop au contrat avec URBIS !
Nouveau !
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