Tromperie sur la marchandise
Lors du Comité Technique Paritaire qui s'est tenu jeudi 7 avril 2011 à 14 h, la Municipalité a présenté sa nouvelle politique "d'action sociale dans le domaine de la restauration" pour le personnel de la Ville et du CCAS. Elle a expliqué que le Conseil d'administration du COSEM ne veut plus assurer la gestion des tickets repas et a dénoncé unilatéralement la convention conclue avec la Ville et les syndicats le 7 janvier 1986. La Ville prend donc directement en charge l'aide à la restauration et en profite pour instaurer une grille tarifaire qu'elle croit être une mesure de "justice sociale". Ce n'est peut-être d'ailleurs qu'un début, pour ce qui concerne l'action sociale pour les employés municipaux...
Quant aux agents de Laval Agglo, qui ont le même patron, pas de changement pour eux : ils ont le choix entre les prestations du CNAS et les avantages de la ville de Laval, dont les actuels tarifs FJT (fromage et dessert)...
Une réforme "fast food"
Les 3 organisations syndicales CGT, CFDT, FO ont refusé de prendre part au vote, énonçant chacune un solide argumentaire.
Ce sont donc les seuls représentants de la Municipalité qui ont voté ce projet, manifestement pour ne pas faire de peine à "Guillaume", dont des élus ont admis qu'il avait été un peu vite en besogne en l'annonçant lors des voeux au personnel, le 6 janvier 2011, alors même que l'étude n'était, en fait, pas finalisée.
Il faut savoir aussi que le projet était déjà inscrit à l'ordre du jour du Conseil municipal qui se réunit lundi 11 avril, que les élus ont déjà reçu le rapport correspondant, et que manifestement l'avis du CTP ne devait être, pour Guillaume Garot, qu'une simple formalité obligatoire.
Accepter un report pour une nouvelle étude plus approfondie avec les partenaires sociaux eût sans doute été considéré par lui comme un camouflet et il préfère sauver les apparences plutôt que de reconnaître avoir fait preuve d'une certaine précipitation. Et certains élus de ne pas comprendre que des représentants du personnel puissent mettre en doute la validité d'une réforme que leur seule appartenance à la "gauche" suffirait à rendre "juste"...
Votée par les seuls représentants de l'employeur, cette "réforme" ne relève donc pas du dialogue social mais du paternalisme.
Les représentants FO ont donc refusé de participer au vote pour les motifs suivants :
- le COSEM a dénoncé unilatéralement la convention du 7 janvier 1986 sans même en informer les syndicats co-signataires, ce qui n'est ni légal, ni correct ! A cette remarque, les élus renvoient sans vergogne sur le COSEM...
- le COSEM aurait dû réunir une Assemblée générale conformément à la convention de 1986, ce qu'il n'a pas fait, se contentant d'une décision de son Conseil d'administration,
- Guillaume Garot a renié sa promesse faite lors des vœux au personnel , le 6 janvier 2011 : il n'est plus question, pour le tarif le plus aidé, d'un seuil de salaire de 1400 € nets mais de 1400 € bruts. Ce n'était pourtant pas un lapsus de sa part puisque la même mention est soigneusement portée dans la "Lettre d'information des agents municipaux" n°13, de janvier 2011. En fait, il a fait marche arrière : sur la base de ceux qui mangent au FJT aujourd'hui, cela ne concernera que 26 agents pour qui l'effort sera tout simplement compensé par les 43 cadres qui y mangent également et que M. le Maire considère sans doute comme des "nantis".
- FO demandait que ce soit le quotient familial qui soit pris en compte et non le seul salaire de l'agent car cela va générer de nouvelles injustices comme vous le montrent les exemples que nous allons vous présenter.
Le 13 janvier 2011, le Vecteur expliquait que cet avantage en nature serait automatiquement intégré par les services fiscaux dans le calcul des revenus et soumis à impôt, ce qui peut avoir des conséquences non négligeables pour beaucoup d'entre vous et notamment, parmi les plus précaires, pour ceux qui bénéficient de la prime à l'emploi. À l'époque, certains proches du Maire hurlaient au mensonge, à la désinformation ou dénonçaient une vision pessimiste de notre part. La Municipalité a bien été obligée d'admettre que le Vecteur avait raison. M. Garot a dû se mettre à table et avaler son chapeau...
De nouvelles injustices
Guillaume Garot croit jouer les justiciers en "prenant aux gros pour donner aux petits". En fait, il met à côté de la plaque !
Valérie* a un salaire brut de 2617 €. Après ses études payées en gardant des enfants le soir, et en travaillant le week-end comme serveuse dans un Mac Do, elle a passé des concours puis gravi les échelons dans la fonction publique territoriale. Elle gagne bien sa vie en apparence, mais doit reverser 450 € pour la maison de retraite de sa maman et elle élève seule ses trois enfants à la suite de son divorce. L'aîné, entré en fac à Angers, s'efforce lui aussi d'apporter sa contribution pour le loyer de sa chambre d'étudiant. "Les fins de mois commencent souvent le 20 et je n'ai pas le sentiment d'être une privilégiée". Il lui en coûtera 17 € de plus par mois pour ses repas au FJT.
Carole* est à temps très partiel et ne perçoit que 1162 € bruts. C'est son choix de vie, elle préfère consacrer du temps à l'éducation de ses enfants ; par ailleurs, elle est une adhérente active du club de tennis. Son mari, ingénieur dans le privé, perçoit un salaire d'environ 6200 €, et le ménage sait pouvoir compter sur plusieurs biens immobiliers issus d'un héritage qui lui permettent d'envisager l'avenir avec optimisme. Récemment, ils ont d'ailleurs acquis un petit deux pièces à Rennes car il vaut mieux défiscaliser une acquisition plutôt que de payer des loyers pour leur fille qui fait médecine. C'est donc avec un sourire réjoui qu'elle avait pris connaissance de cette mesure "équitable" car elle bénéficiera plein pot d'une ristourne de 43 € par mois ! Ça tombe bien, elle vient de s'inscrire à un club de fitness ! Par ailleurs, Carole, toujours très coquette, ira un peu plus souvent chez le coiffeur.
Bruno* occupe un poste de cadre important à la Mairie de Laval. Il mange souvent au FJT car dit-il : "cela maintient le lien social avec les collègues et c'est un lieu de mixité sociale". Il s'étonne que peu de ses collègues cadres supérieurs fréquentent cet établissement ; il s'interroge d'ailleurs en les voyant manger très régulièrement dans les restaurants du centre-ville (tiens, tiens…).
Bernard*, cadre aux services techniques, perçoit 2763 € bruts, et il paiera plus cher ses repas. Il est un peu fier, Bernard, et il n'ose pas avouer que sa femme, licenciée économique voici deux ans, arrive bientôt en fins de droits avec l'aîné au chômage, le deuxième en fac et le troisième au lycée. Il dit souvent : "Je ne suis pas le plus à plaindre, mais je sais où l'argent passe…".
Ces exemples vous montrent que la prise en compte du quotient familial, et non du seul salaire de l'agent, est susceptible de générer une réelle justice sociale. C'est d'ailleurs ce qui se fait pour les enfants des cantines ou pour la bonification des chèques vacances par le COSEM.
Le double langage de Guillaume Garot
A Force Ouvrière qui proposait la prise en compte du quotient familial, les hommes de M. Garot répondent qu'il est délicat pour l'employeur de prendre connaissance des revenus des ménages. Or, le parti de M. Garot vient de présenter son projet pour 2012, et parmi les propositions figure la retenue des impôts à la source (proposition n°22), ce qui amènera l'employeur à devoir connaître beaucoup sur la situation des ménages. Ce qui serait donc possible dans une promesse au pays, ne serait donc pas possible dans une petite action au niveau de sa mairie. Cela augure bien mal de la réalisation des promesses des amis de M. Garot.
Autant que ça serve !
M. Garot fait de la justice sociale à bon compte...
En fait, l'effort financier est bien limité, par le principe des vases communiquants!
Que chacun de nous devienne réellement un militant de la justice sociale ! Si l'afflux de nos collègues les plus modestes et les plus précaires est massif vers les FJT, alors cette mesure aura effectivement l'effet d'un véritable progrès, et M. Garot sera vite dépassé par sa "réforme" !
Autour de vous, informez tous nos collègues précaires, à temps partiel, les stagiaires, les apprentis, les vacataires, les remplaçants, ceux qui ne font que quelques heures... Tous ont droit jusqu'à 20 tickets X 12 mois à 1,50 €uros.
La démarche est simple ! Mais attention aux effets secondaires...
* prénom d'emprunt, pour des raisons de sécurité.