Les bons comptes et les bons amis…
La guerre des déclarations fait rage à Laval depuis 3 semaines, entre le nouveau et l'ancien maire sur l'état réel des finances de la Ville.
Après le rapport, accablant, de la Chambre Régionale des Comptes publié fin juin, c'est l'audit du cabinet "Ressources Consultants Finances" qui anime le débat. Pour un simple rétablissement des finances lavalloises, il est nécessaire d'augmenter les impôts locaux de 26 %, voire 33 % si l'Etat supprime la Dotation de Solidarité Urbaine, ce qui semble désormais devoir être le cas : 238 communes seraient exclues de la DSU et verraient donc leur dotation réduite de moitié en 2009 et supprimée totalement en 2010, dont Laval.
La situation est donc plus grave encore que ce qu'a constaté l'audit.
La nouvelle municipalité de Laval publie dans son bulletin municipal d'octobre 2008 (Laval La Ville n°3) un important dossier sur l'état des finances de la Ville. Souci de transparence certes, mais aussi moyen de préparer la population à des décisions douloureuses…
C'est inquiétant dans le contexte actuel. Confronté à un problème budgétaire très grave mais d'un autre ordre, l'hôpital de Laval, présidé jadis par M. d'Aubert et aujourd'hui par M. Garot, serait en train de préparer entre 120 et 169 suppressions de postes (personnel non titulaire), comme en fait état Ouest France dans son édition du 2 octobre 2008.
Que va-t-il se passer pour les services municipaux ?
Parlons clair : la municipalité n’augmentera pas de 26 % les impôts des lavallois. Aussi, en dessous de ce seuil indispensable, chaque point en moins signifie la recherche d’une économie.
Il y a donc obligation de diminuer de façon drastique les dépenses de fonctionnement. Or, 63 % de ces dépenses sont le personnel communal (le reste est quasi incompressible : le remboursement de la dette, le chauffage des écoles, les subventions aux associations, etc…).
Vous l’avez compris : sans faire de procès d’intention à la nouvelle municipalité, les agents (la « masse salariale ») vont être visés. Déjà, plusieurs départs ne sont pas remplacés, mettant les services en grande difficulté.
AUDIT : on veut voir l'intégral concernant le personnel !
Nous avons officiellement demandé à la Municipalité, lors du CTP du 18 septembre et lors de la CAP du 25 septembre 2008, la communication du chapitre de l'audit consacré au personnel municipal, sur lequel rien n'a été dit lors des réunions du Conseil municipal des 15 et 26 septembre. En effet, ce qui a été publié par la municipalité est une simple "synthèse", alors que le document complet aborde largement, comme il se doit pour un audit, le problème de la "masse salariale". A ce jour, nous n'avons aucune réponse à notre demande. Que contient-il ? Que préconise-t-il ? Dans l'entourage du maire, certains feraient pression pour que ce document ne soit pas diffusé avant les élections paritaires du 6 novembre. L'action des représentants Force Ouvrière au CTP et aux CAP avait en effet contrecarré bien des projets de MM d'Aubert et Troadec pour diminuer la "masse salariale". Les nouveaux élus en ont tiré déjà les conclusions. Ils attendent le résultat de ces élections pour savoir quels seront leurs interlocuteurs, leur niveau de compétence et de combativité. Ils savent déjà que FO n'acceptera pas demain ce que ses militants ont combattu hier.
Mais depuis quelques jours, au sein de la municipalité, il est plus particulièrement mis en cause la gestion d'Aubert pour les années 2006 et 2007, et les jugements sont plus nuancés sur les 13 années de sa présence à la tête de la Ville. Cette argumentation est reprise dans le bulletin municipal, et cette insistance officielle sur les 2 dernières années a surtout pour objectif de répondre à ceux qui estiment que Guillaume Garot et ses amis ne pouvaient pas ignorer la situation des finances de la Ville puisqu'ils siégeaient au Conseil municipal. Un certain nombre d'explications présentées par le nouveau maire (opacité, exclusion de la Sacola et de l'agglo, camouflage de la dette…) sont à prendre en compte, mais n'oublions pas que Le Vecteur avait depuis longtemps dénoncé les méthodes et la gestion du Système d'Aubert, en publiant notamment dès 2003 une étude de 45 pages intitulée "Le petit d'Aubert illustré". Le Vecteur a également mis en évidence la façon dont le Système d'Aubert a grugé les abonnés au service d'eau en siphonnant pendant plusieurs années le budget annexe de l'assainissement (voir notre dossier).
Mais une explication de Guillaume Garot exige une réponse de notre part.
A la page 9 du bulletin municipal, il écrit : "La hausse des dépenses de fonctionnement commencée en 2006 s'est fortement aggravée en 2007, puis 2008. Cette hausse concerne les dépenses de personnel, + 4,3% en 2007…".
Or, aucune explication n'est présentée à l'appui de cette affirmation.
"Quand c'est bien, on sait le dire…"
Comme disait régulièrement Guillaume Garot en séance du Conseil municipal sous le Système d'Aubert.
Et bien, justement, nous allons le dire. Grâce à l'action des partenaires sociaux, d'Aubert a dû mettre en œuvre cette année là un certain nombre de modifications statutaires introduites notamment par la loi du Loi n°2007-209 du 19 février 2007 relative à la fonction publique territoriale.
Le train de mesures comprenait notamment des dispositions résultant d’un accord signé le 26 janvier 2006 avec trois organisations syndicales. Certaines d’entre elles ont eu un impact sur la « masse salariale » de l’exercice 2007 (voir tableau de suivi de la mise en place des mesures du protocole d’accord) :
Restructuration de la carrière de la catégorie C
- restructuration des corps en corps à trois ou quatre grades et revalorisation des échelles de rémunération de la catégorie C
- définition de niveaux de recrutement différenciés (accès sans concours à la première échelle E3)
- modalités d’accès aux grades supérieurs en fonction des métiers et qualifications des différentes filières
amélioration des débouchés de la catégorie C en catégorie B
- amélioration du taux maximum de promotion interne de la catégorie C vers la catégorie B
- extension de la clause de sauvegarde
- aménagement des règles de reprise d’ancienneté
Amélioration des carrières de la catégorie B
- revalorisations indiciaires de la catégorie B (indice plancher et 1er grade du B type)
- bonification indemnitaire pour les agents des corps de catégorie B en sommet de grille des corps depuis au moins 5 ans
- examen des autres situations de blocage de carrière au sein de la catégorie B
- évaluation de la place et de l’organisation de la catégorie B
Promotion interne de la catégorie B vers la catégorie A :
- amélioration du taux maximum de promotion interne de la catégorie B vers la catégorie A
- extension de la clause de sauvegarde
Amélioration des carrières des agents de catégorie A :
- bonification indemnitaire pour les agents en sommet de grille des corps depuis au moins 5 ans
La loi a également ouvert la possibilité aux collectivités locales de fixer librement les quotas de promotion de grade. C’était là une vieille revendication de toutes les organisations syndicales visant à mettre un terme au carcan qui limitait les possibilités de promotion de certains grades.
C'est ce qui explique qu’en 2007, la hausse de « la masse salariale » de 4,3 % ait été très légèrement supérieure à l’addition d’une part des 0.5 % de revalorisation indiciaire, qui ne couvraient pas l’inflation, et d’autre part du GVT (Glissement Vieillesse Technicité) qui résulte des changements de grades et d’échelons liés au déroulement normal des carrières de l’ensemble des agents à l’ancienneté.
Bien qu’il en rêvait, le Système d’Aubert ne pouvait s’affranchir des règles statutaires qui régissent tous les agents fonctionnaires sur l’ensemble du territoire national, et qui s’imposent bien évidemment à tous les employeurs de la fonction publique.
Guillaume Garot eût bien été obligé de faire de même…
Ces dernières années, Force Ouvrière a proposé, et obtenu, des économies.
Ce fut ainsi le combat, toujours en cours, dans l'affaire du "congé spécial" de l'ancien DGST, parfaitement illégal selon nous, qui bénéficia de la neutralité bienveillante de la préfecture de la Mayenne chargée du contrôle de légalité (FO avait rencontré, à ce sujet spécialement, le Secrétaire Général de la préfecture le 4 août 2006 à 10 heures et attend toujours une réponse !).
Résumons l'affaire : l'ancien DGST, Jean-Claude Le Lay, simule un départ en retraite le 15 décembre 2005, avec pot, cadeaux, larme à l'œil, etc…
En fait, le Vecteur découvre qu'il s'agit d'un faux départ et que l'intéressé va discrètement être payé jusqu'au 31 mars 2008 sans travailler. Une sorte de "préretraite dorée", permettant en plus de faire de la "sur côte" (lire notre dossier complet). L'affaire est devant la justice et, paradoxe, c'est désormais Guillaume Garot qui doit défendre le dossier en succédant à d'Aubert. Nous lui demandons de saborder le dossier de défense de d'Aubert. La ville pourra ainsi récupérer les sommes indues, soit 135 000 euros.
Ce sera toujours ça en moins à payer pour le contribuable Lavallois, et ça représente plus de 2 années d'avancement (GVT) pour tous les agents de la Mairie !
Le Vecteur avait également révélé le projet de l'ancien Directeur Général de la Mairie de s'attribuer une nouvelle prime mensuelle de 1 600 euros, venant en plus de sa maison de fonction, de sa voiture de fonction, de son téléphone, eau, gaz, électricité, essence, etc… Le scandale fut tel, à quelques mois des élections, que d'Aubert "limita" la prime à 500 euros par mois.
Et bien d'autres exemples encore…