La privatisation du stationnement est confirmée !
C'était vrai !
Notre article sur "La Rumeur", paru le 12 avril, a fait son effet.
Dès sa publication, la presse a interrogé la municipalité sur les fondements de cette rumeur et sa réalité. Pris de court, Jean-Christophe Boyer, adjoint au maire chargé des finances et de la communication, a dû s'y coller, confirmant dans la précipitation le projet de privatisation qu'il baptise pudiquement de son appellation juridique, "délégation de service public". Et Ouest France a publié un grand article le mercredi 14 avril.
De son côté, Guillaume Garot a convoqué le Comité Technique Paritaire pour le jeudi 29 avril à 9 heures, avec à l'ordre du jour : "la création d'une délégation de service public pour la gestion du stationnement", ce qui, en langage clair, signifie la privatisation du stationnement à Laval.
Les deux principaux responsables de la municipalité ont donc dû reconnaître que Le Vecteur Libre et Indépendant avait écrit la vérité !
M. Boyer se met à table.
La plupart des élus ont découvert ce dossier au travers de notre article du 12 avril. Ce qui n'empêche pas Jean-Christophe Boyer de déclarer avec aplomb à Ouest France, le 14 avril : "un projet sur lequel les élus travaillent depuis six mois" !
Mais Jean-Christophe Boyer, manifestement déstabilisé par la tournure des évènements, et pressé de questions par les journalistes, s'en est pris maladroitement et méchamment aux fonctionnaires municipaux, alimentant ainsi le credo gouvernemental contre les agents de la fonction publique :
Gérer les parkings est "un vrai métier", lâche-t-il !
C'est sans doute la raison pour laquelle la préparation de cette décision a été caractérisée par la totale mise à l'écart de tous les services municipaux concernés.
Est-ce cela le respect des services et des fonctionnaires ? Est-ce cela la "reconnaissance de l'expertise et des connaissances des services municipaux" tant vantés par Guillaume Garot dans ses discours devant le personnel ?
Pour Jean-Christophe Boyer, "à Laval, cette mission s'est greffée au travail de fonctionnaires qui ont dû apprendre sur le tas". Manifestement, l'adjoint au maire nie le professionnalisme des agents municipaux. Les services de la voirie, par exemple, travaillent depuis 30 ans sur ces questions. Pour ce qui est de la "formation sur le tas", il ignore sans doute que les collectivités versent chaque année 1% de leur masse salariale au CNFPT, l'organisme de formation. Et le stationnement est une mission traditionnelle des mairies.
La vérité !
Rappelons que les fonctionnaires ne font qu'appliquer les directives des élus.
Voici comment la municipalité a laissé "pourrir" la situation du stationnement pour mieux préparer cette privatisation :
- depuis 1 ans, refus de renouveler le stock de cartes offrant 30 minutes gratuites aux usagers ; ceux-ci, au nombre d'une quinzaine chaque jour, se présentent au guichet de la mairie pour en réclamer une et les fonctionnaires doivent subir leur légitime mécontentement sans broncher ;
- de même, après avoir attendu plusieurs mois pour renouveler le stock des cartes "abonnement résident", M. Garot déclare aujourd'hui :"le nombre des abonnements est en diminution inquiétante" !
- difficultés pour l'acquisition de pièces de rechange par les services de maintenance des horodateurs ;
- tarifs des abonnements trop élevés, et donc dissuasifs pour les riverains, au parking du théâtre ex-Jules Ferry ;
- fuites au parking de la gare en raison de malfaçons, ce qui entraîne la neutralisation forcée de 60 places au risque d'une corrosion des carrosseries par le dépôt d'une laitance de ciment particulièrement agressive. Les fonctionnaires de la Ville ne sont pour rien dans la maîtrise d'œuvre et la construction de ce parking, réalisé par la SACOLA (un "vrai métier"), devenue LMA et présidée désormais par M. Boyer.
- risques pour les carrosseries des véhicules au parking du théâtre (ex-Jules Ferry) lors de l'accès aux étages. Les fonctionnaires de la Ville ont été totalement tenus à l'écart de sa réalisation qui est "l'œuvre" de la SACOLA (un "vrai métier"), devenue LMA et présidée désormais par M. Boyer.
Quant aux conséquences sociales de la privatisation, M. Boyer efface vite la problématique : "Cela représente deux équivalents temps plein à qui l'on trouvera de nouvelles missions à l'avenir" : ce propos conviendrait mieux dans la bouche d'un manager de France Telecom que dans celle d'un élu socialiste ! Les agents municipaux ont apprécié !
Décidément, M. Boyer, la communication, c'est un "vrai métier" !
La privatisation n'est pas le bon choix
Monsieur d'Aubert avait en son temps envisagé une telle privatisation. Sous la conduite politique de Félix Houdbine, adjoint au maire, l'étude avait été réalisée en toute transparence par les services municipaux. Le projet avait finalement été abandonné après une consultation par voie d'appel d'offres.
Deux raisons principales motivaient le maintien du service public :
- la privatisation était économiquement absurde pour la collectivité, mais juteuse pour la société privée et ses actionnaires ;
- les opérateurs privés exigeaient une hausse exorbitante des tarifs et une extension considérable de la géographie des zones payantes.
C'est pourquoi M. Boyer ne peut être cru lorsqu'il annonce, grâce à ce projet, un "objectif de baisser les tarifs" ou qu'il promet "une heure gratuite sur les parkings clos".
D'ailleurs, le rapport que présentera Guillaume Garot au CTP du 29 avril motive notamment la privatisation par une situation actuelle qui ne serait pas satisfaisante, et donc, que seule une société privée pourrait corriger :
- "les tarifs sur voirie comme en parkings sont peu élevés"
- "les recettes sont faibles"
- "il y a peu de PV sur la voirie" (12 000 à 15 000 par an !)
Et, manifestement, ce sont les salariés habitant hors Laval (joliment baptisés "les migrants" dans le projet municipal) et qui travaillent en ville, qui pourraient faire particulièrement les frais du futur plan de stationnement.
Au sein des services municipaux, que ceux qui ne se sentiraient pas concernés se méfient. Si le stationnement est privatisé, d'autres services suivront…
Ces privatisations peuvent d'ailleurs se faire au bénéfice de sociétés capitalistes, mais aussi de certaines associations ou comités de quartiers…
Un autre théâtre d'opération
Un deuxième dossier est présenté à l'ordre du jour du CTP du 29 avril 2010 : la création d'une "régie personnalisée pour le Théâtre" avec "autonomie financière". La municipalité veut-elle reconstituer "Laval Spectacles", qui fut le "théâtre" d'un scandale financier voici quelques années ?