Guillaume Garot organise une journée sur les discriminations au travail le jeudi 19 novembre 2009 au Cinéville (un cinéma…).
Mais le maire de Laval peut-il réellement donner des leçons en ce domaine ? Ne pourrait-il faire de son administration un laboratoire ?
Plusieurs exemples pris depuis 18 mois dans le fonctionnement de sa mairie permettent, malheureusement, d'être un peu sceptique.
Il en est ainsi à l'occasion des recrutements : une quarantaine de postes ont été mis en circulation depuis avril 2008. Mais chacun peut se rendre compte que ceux-ci sont pourvus la plupart du temps par avance, et les agents qui postulent sont bien souvent les dindons de la farce. Quand un jury est organisé, ce qui n'est pas toujours le cas, les candidats qui y sont convoqués ont été bien souvent soigneusement pré-sélectionnés selon des critères qui nous échappent. Les autres n'ont pas droit à un entretien, parfois pas même à une réponse. Tous les candidats ont pourtant rédigé une lettre, un CV, payé un timbre…
Récemment, un directeur titulaire, de grande expérience (mais un petit peu représentant syndical), n'a même pas été convoqué à un jury, dont personne ne semble se souvenir s'il a vraiment eu lieu puisqu'il n'en reste aucune trace (ni convocation, ni composition, ni PV). Le contractuel pressenti a été embauché avec un très gros salaire !
En effet, les contractuels coûtent bien plus cher que les fonctionnaires : pas grave, direz-vous, avec une augmentation de 30 % des impôts payés par les ménages lavallois, le budget de la Ville peut bien se le permettre… Et un contractuel présente tous les avantages : il est rarement syndiqué et il est plutôt aux ordres…
Pour les avancements à la promotion sociale, il vaut mieux être jeune et travailler auprès des décideurs, plutôt que d'avoir expérience et ancienneté, mais travailler dans un service éloigné de l'Hôtel de Ville. Loin des yeux, loin du cœur…
En matière de formation, et dans le même service : refus de 2 jours de formation à un agent, 210 heures de formation (coût 3 300 euros) accordées à sa collègue, certes épouse d'un directeur…
Même parmi les contractuels, ça discrimine : l'un sera payé sur la base du 1er échelon d'un grade, l'autre sur la base de l'indice de fin de carrière…
Agent statutaire de la Ville de Laval depuis plusieurs années, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une annonce offrant son poste ! Il lui fallut donc postuler à son propre emploi, et se présenter devant un jury de recrutement. 8 mois après, elle n'a toujours pas de réponse, ne sait pas si l'on veut d'elle ou pas, mais elle fait le travail quand même…
Cet autre agent très spécialisé est le seul fonctionnaire titulaire candidat sur son ancien poste lorsqu'il est recréé. Mais c'est un contractuel qui est recruté...
Pour le régime indemnitaire, la discrimination est entretenue entre des agents de la mairie et de Laval Agglo, malgré les engagements solennels pris lors de la création de la structure intercommunale. Au sein même de la mairie, rien n'est fait pour remédier à des inégalités flagrantes; ainsi ces primes exceptionnelles permanentes, et opaques bien qu'ayant des illuminations comme origine…
Les concours, M. le Maire semble ne pas vouloir en entendre parler : il ne nomme pas certains agents reçus (l'un a dû le passer 3 fois pour en garder le bénéfice et n'est pas encore nommé) ; il ne met pas de postes aux concours organisés par le Centre de gestion ou le CNFPT ; il recrute des contractuels à la place (voire contre) des fonctionnaires titulaires… Le concours, conquête authentiquement républicaine face aux charges monnayées ou héréditaires de l'Ancien Régime, est pourtant le moyen le plus sûr de recruter sans discrimination : effort, mérite de la réussite, copies anonymes !
Ces faits sont d'autant plus incompréhensibles que de nombreux élus sont eux-mêmes fonctionnaires, et notamment de l'éducation nationale : que diraient-ils si leur ministère adoptait de telles pratiques ?
En matière de discriminations, les beaux discours permettent de se donner bonne conscience, mais sont insuffisants. Chacun doit agir au quotidien, là où il peut le faire concrètement, en se remettant en cause, en étant ouvert aux autres et tolérant, en respectant les règles, comme le statut de la Fonction Publique, qui ont précisément été instituées pour prévenir et combattre les discriminations.