Blog du syndicat FO des municipaux de Laval
Les élus de gauche au pied du mur
Le 28 septembre 2009, le conseil municipal de Laval était réuni.
Ce jour là, un vœu (prise de position d'une assemblée dans un domaine ne relevant pas de sa compétence, mais permettant d'affirmer une conviction politique), était présenté par Florian Derouet, élu communiste. Il s'agissait de manifester le soutien du Conseil municipal de Laval à la lutte entreprise contre la privatisation de la Poste, et ceci à quelques jours de la votation citoyenne du 3 octobre.
Florian Derouet : "C'est un vœu que je présente aujourd'hui devant le Conseil municipal sur la défense et la promotion des services publics et de qualité à Laval et en Mayenne".
Puis l'élu donne lecture de ce texte. Il précise notamment :
"Ces services et les fonctionnaires qui les animent sont indispensables au développement de l'attractivité économique ainsi qu'au renforcement du lien social et du "mieux-vivre ensemble" dans notre ville…".
"…de nouvelles menaces pèsent aujourd'hui sur l'avenir de nos services publics"…
"Les Lavallois et la qualité de vie à laquelle ils aspirent légitimement, ne doivent pas être victimes d'un désengagement et d'une logique strictement comptable de l'action publique. Or, un grand danger plane au-dessus de nos têtes, celui du démantèlement des services publics. A travers une politique libérale débridée, à grand renfort d'effets d'annonce et de privatisations masquées, le gouvernement détruit les services pourtant indispensables au maintien de la cohésion nationale, dans un contexte de crise sans précédent du capitalisme laissant sur le bord de la route les plus fragiles de nos concitoyens.
Le Conseil municipal, réuni en séance, réaffirme donc solennellement son attachement à la préservation des services publics de qualité à Laval et en Mayenne… il demande aussi au gouvernement de renoncer à son projet d'ouverture du capital de la Poste".
Ce texte était voté par tous les élus de la majorité de gauche du conseil municipal de Laval.
Le 17 mai, le Conseil municipal aura cette fois toutes les cartes en main : il ne s'agira pas d'un vœu, mais d'une délibération à prendre sur la privatisation du stationnement. Il ne dépend donc que des élus lavallois qu'un service public soit maintenu et qu'un projet de privatisation à une société privée capitaliste soit rejeté.
C'est au pied du mur que l'on voit le maçon…
Un Vert, ça va. Plusieurs Verts : bonjour les dégâts !
Dans le cadre de la préparation des élections municipales, les Verts de la Mayenne avaient publié, le 5 février 2008, un intéressant programme intitulé :
"Municipales : 70 propositions pour améliorer la mobilité et en maîtriser la croissance à Laval".
D'entrée, les Verts précisent : "Les Verts de la Mayenne ont mené une réflexion très poussée pour proposer une série de mesures...".
Voyons ce qu'il en est...
Au chapitre "Maîtriser le stationnement", on peut lire cet engagement solennel :
"Refuser la privatisation du stationnement (délégation de service public) provoquée par la gestion des ouvrages".
Au passage, notons que les Verts ne sont pas dupes sur les subtilités de langage de MM.Guillaume Garot et Boyer : ils savent que "délégation de service public" est le mot savant pour PRIVATISATION !
Les socialistes sont contre les privatisations... à Montauban.
Montauban, ville de taille identique à Laval, a une député-maire UMP. Et elle privatise, après avoir commencé par le stationnement.
Le PS local réagit. Voici son communiqué :
"Brigitte Barèges, députée maire de montauban et son équipe de la majorité municipale viennent d’annoncer la délégation à des opérateurs privés de services jusqu’alors gérés en régie directe.
Cette décision, prise encore une fois sans concertation préalable ni des élus de l’opposition, ni des Montalbanais, s’inscrit dans une logique de marchandisation des services publics locaux, d’autant plus inacceptable qu’elle concerne des domaines essentiels de la vie quotidienne de la population : eau, assainissement, ordures ménagères, piscine.
Dans un contexte de crise qui précarise de fait les plus démunis, cette démarche unilatérale révèle une conception de la gouvernance qui visiblement fait peu cas de la qualité des services rendus à la population et des employés municipaux en les plaçant dans des conditions d’insécurité personnelle et professionnelle.
En tout état de cause, le choix de ce mode de gestion n’est pas neutre notamment sur le plan financier pour les usagers (par exemple, on constate en moyenne une augmentation de 8 % des tarifs suite à une privatisation de l’eau - source INSEE) et appelle donc une réponse politique.
Le Parti Socialiste de Montauban, sur la base des valeurs qui sont les siennes, et qui ont toujours été défendues par les municipalités de gauche successives, est attaché à conserver en régie directe l’ensemble de ces services publics locaux. Le parti défend l’idée que les usagers du service public ne doivent pas devenir des clients.
Après la privatisation du stationnement, des transports en commun, cette annonce d’une nouvelle vague de privatisation laisse présager que l’ensemble des services de proximité seront inéluctablement bradés. Le parti socialiste ne peut l’accepter et s’y opposera avec détermination".
Deux positions du même parti aussi différentes sur un même sujet, selon que l'on est au nord ou au sud de la Loire ???
C'est sûrement le soleil...
Alors, récapitulons :
- les élus communistes sont contre les privatisations de service public !
- les élus Verts (dont leurs 2 adjoints au maire) ont promis de ne pas privatiser !
- plusieurs élus de la société civile ne sont pas chauds à cette idée !
- il reste encore quelques socialistes authentiques que cette idée rebute !
- la majorité unanime a voté un voeu contre la privatisation de la Poste.
Il sera bien difficile à Guillaume Garot et à Jean-Christophe Boyer de faire accepter ce projet de privatisation aux élus de leur majorité, même à l'insu de leur plein gré.